La mobilisation, qu’est-ce que ça donne?

Par Alain Roy

Au cours des prochains mois, les organismes communautaires du Québec tenteront de faire valoir leurs revendications. La mobilisation s’organise et prendra plusieurs formes. Une première action d’envergure se tiendra le 27 septembre prochain alors que de nombreuses personnes se retrouveront à Québec, dans la rue, pour se faire entendre.

Pourquoi soutenir le milieu communautaire?
Les organismes communautaires autonomes du Québec sont supportés, du moins plusieurs d’entre eux, par le gouvernement du Québec. Ne soyez pas inquiets, ce n’est pas de la charité. En fait, le gouvernement reconnait que l’action des organismes est nécessaire pour agir en prévention ou en planification.

Par exemple, en supportant un organisme communautaire ayant une mission en « santé mentale », il s’assure d’avoir une ressource dans le milieu qui améliore la qualité de vie de personne qui, sans ce support, serait à risque de développer des problèmes beaucoup plus importants, qui devraient probablement être traités dans les hôpitaux. Même chose pour une maison de jeunes qui, en offrant un lieu de rencontre et des animateurs significatifs, permet de faciliter le passage de l’adolescence pour certains jeunes. Nous pouvons aussi prendre l’exemple d’une cuisine collective qui permet à des gens d’améliorer leur compétence culinaire, d’économiser pour nourrir la famille et de sortir de l’isolement que vivent de nombreuses personnes.

Ajoutons à ce que nous venons de présenter, le rôle de milieu de vie, donc des endroits qui vont beaucoup plus loin que leur principale mission. Ces organismes sont aussi des milieux d’insertion sociale, de participation citoyenne, de partage d’information, d’éducation à la vie démocratique et pour terminer, des endroits qui demandent, pour les travailleuses et travailleurs, une grande capacité d’empathie et une disponibilité qui dépasse largement les cadres du travail régulier. Vous en doutez?? Je vous invite à choisir un organisme et allez passer une semaine avec eux.

Pourquoi plus d’argent?
Le mouvement communautaire québécois est confronté à une situation difficile; constater l’ampleur des besoins des personnes démunies VS avoir des solutions à offrir, mais pas de moyens financiers pour les mettre de l’avant. Quand une personne vient vous exprimer son incapacité pour aller à un rendez-vous médical puisqu’elle n’a pas les moyens de payer le transport, ce n’est pas tout le monde qui peut dire « c’est pas d’mes affaires ». Quand une personne vous souligne qu’il n’y aura pas de pain sur la table pour la petite famille pour les prochains jours, ce n’est pas tout le monde qui peut dire « c’est pas d’mes affaires ». Quand une personne vous explique que sa maladie lui a fait perdre son emploi, sa blonde, sa famille et bientôt son logement, c’est pas tout monde qui peut dire, « c’est pas d’mes affaires ».

Des solutions, il y en a... Malheureusement, depuis quelques années, le support financier du milieu communautaire ne permet pas de maintenir le rythme de l’inflation. Donc, en bon gestionnaire, les conseils d’administration sont contraints de limiter au minimum le développement pour préserver au maximum leur ressource la plus précieuse, les employés. Une augmentation du financement permettait aux organismes de mieux répondre aux besoins exprimés et selon la spécificité des membres de chacun.

Est-ce que cela vaut le coût?
Nous pouvons assurer le « citoyen payeur de taxe » que l’investissement dans le milieu communautaire est un choix intelligent. En fait, en y regardant de plus près, nous pouvons constater que sans la présence de ses organismes, d’autres ressources, aussi  sous la responsabilité de l’État, devraient prendre la relève.

Supporter les familles et les jeunes mères pour favoriser le développement des enfants, c’est tout le monde qui en profite! Supporter les jeunes pour éviter les dérapages de l’adolescence, c’est tout le monde qui en profite! Supporter les personnes ayant des problèmes chroniques pour améliorer leur qualité de vie avec d’autres moyens que la consommation de médicaments, c’est tout le monde qui en profitent! Offrir aux personnes âgées un lieu qui leur permet d’utiliser leur compétence et de maintenir leur qualité de vie, c’est tout le monde qui en profite!

Bien entendu, nous pourrions espérer que chaque personne soit responsable d’elle-même, que l’intervention de l’État ne soit pas nécessaire. En fait, c’est le souhait de tout le monde, la personne concernée en premier lieu!!. Malheureusement, le destin n’est pas toujours favorable; une enfance difficile, une maladie qui arrive trop jeune, un accident qui modifie les capacités motrices, une perte d’emploi après 15 ans de services, un conjoint ou une conjointe qui a des problématiques          qui demandent plus d’énergie que celle qui nous reste… à vous de compléter la liste.

La mobilisation
C’est pour agir face à ces situations que les organismes communautaires demandent un support plus important de l’État québécois. Pas la charité, juste les moyens qui permettent de payer les factures, d’offrir des emplois de qualités, de maintenir et de développer des activités et des services selon la réalité des membres. N’oublions pas que, l’objectif est le même pour les organismes, pour le gouvernement et pour les personnes soit, d’améliorer la qualité de vie de tous. En fréquentant un groupe communautaire, les gens améliorent leur santé, leur productivité, leur compétence parentale, leur vie sociale. Cela permet de s’éloigner de l’hôpital, de la justice, des médicaments, de l’itinérance.

Le 27 septembre prochain, les organismes du Québec ont rendez-vous à Québec pour une manifestation importante. Une occasion de se faire entendre autant des décideurs politiques que de la population. Des représentants du territoire des Sources seront présents pour unir leurs voix à ceux qui réclament les moyens nécessaires pour bien supporter les plus vulnérables de notre communauté.